Polytechnique: revivre ou non le drame

Publié le par Daniel Racine


© Alliance Vivafilm

Voilà, c'est parti! Le visionnement de presse a eu lieu au début de la semaine et depuis la machine médiatique s'emballe. Il y a ceux qui crient à la pertinence  de ce film (dont Nathalie Petrowski
ici) et à l'opposé, ceux qui, pour diverses raisons mais souvent elles demeurent personnelles, ne voudront rien voir de cette "dramatisation" (dans ce cas ci, lire Yves Boisvert ici). Peu importe de quel côté vous penchez, le dernier film de Denis Villeneuve ne laissera personne indifférent. Et tout le monde ne parlera que de ça la semaine prochaine, date de sa sortie en salle (vendredi le 6 février).

Peu de films québécois ont abordé un thème ou un événement aussi sensible que celui-ci. La fusillade à la Polytechnique demeure un épisode important dans l'histoire du Québec moderne, tout comme il y avait eu, dans un autre registre, les événements d'Octobre en 1970. Michel Brault en avait alors fait un portrait d'une grande justesse dans l'un des meilleurs films d'ici, Les ordres. J'ai justement songé à ce long-métrage quand j'ai vu la bande-annonce de Polytechnique : l'utilisation du noir et blanc, les choix de cadrages et d'éclairage, le traitement d'un sujet grave tout en subtilité. Villeneuve aura-t-il la grâce de Brault ? Cela reste à confirmer.

Alors, irez-vous la production de Karine Vanasse ? Cela dépend peut-être de votre implication face à l'événement, de votre lien avec les personnes qui y étaient ce jour-là, à la Polytechnique. Dans mon cas, j'avais 16 ans en 1989 et j'ai encore aujourd'hui un vif souvenir des images diffusées en boucles à Radio-Canada. La psychanalyse collective qui en suivit m'avait vraiment éveillé à la violence qui pouvait exister à l'extérieur de pays en guerre. Je me souviens de m'être dit "pourquoi une telle tuerie ici, dans notre province paisible". À l'époque, jamais je n'aurais crû possible qu'un jeune homme puisse entrer sur un campus universitaire avec comme seul objectif d'abattre de jeunes femmes. Ce 6 décembre, le Québec a subit une blessure profonde qui a cicatrisée depuis mais qui demeure sensible, surtout suite à ce qui c'est produit au Cégep Dawson. J'avoue que de voir ce drame rejouer devant mes yeux risquent de provoquer chez-moi, et chez de nombreux autres spectateurs, des émotions fortes. Je n'ai aucune idée si j'apprécierai Polytechnique, mais malgré ma critique positive ou négative éventuelle, ce film a toutes les raisons d'exister. Le cinéma est notre mémoire en tant que peuple et ce "cauchemar" trop réel a marqué notre histoire, a touché chacun d'entre-nous. Ne l'oublions jamais.


Si vous n'avez pas encore vu la bande-annonce, la voici
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